Un grand poète de la Renaissance, mort en 1585
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Voulant, ô ma douce moitié,
T’assurer que mon amitié
Jamais ne se verra faillie,
Je te fais, pour t’assurer mieux,
Un serment juré par mes yeux,
Et par mon cœur et par ma vie.
« Tu jures ce qui n’est à toi ;
Ton cœur et tes yeux sont à moi
D’une promesse irrévocable »,
Ce me dis-tu. Las ! pour le moins
Reçois mes larmes pour témoins
Que ma parole est véritable
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Du grand Turc je n’ai souci
Ni du grand sultan aussi ;
L’or ne maîtrise ma vie,
Aux rois je ne porte envie ;
Je n’ai souci que d’aimer
Moi-même, et me parfumer
D’odeurs, et qu’une couronne
De fleurs le chef m’environne,
Je suis, mon Belleau, celui
Qui veut vivre ce jourd’hui :
Qui, bons dieux ! saurait connaître
Si un lendemain doit être ?
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Poèmes, Éditions Mignot, Collection la renaissance du livre (année non précisée)
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