Samuel Nagrila

Samuel Ha Nagid Ibn Nagrila (Mérida 993 – Grenade 1056)

Traduit de l’hébreu par Masha Itzhaki et Michel Garel (Somogy Éditions d’art, 2000)

--------------------------------------------------------------------------
Mon amant, en avril, m’a prise à son cellier
Et sur un lit de lis de vin il m’a gorgée.
Je dormis jusqu’à l’aube, assouvie et comblée,
Quand un paon roucoulant m’a soudain réveillée.
Dressée sur la pelouse, il me chantait en vers :
« Avril t’a faite reine et moi je suis le roi,
Couverts de broderies nous sommes, toi et moi, 
Avril t’a revêtue de carmin, pourpre et vert. »
--------------------------------------------------------------------------
Je payerai le prix d’une alliance cassée,
Tant j’ai l’amour de lui conservé dans le cœur…
A l’astre blanc dressé il s’était adressé :
- La clarté de mes traits te ferait-elle peur ?
La lune dans le noir avait l’allure presque
De l’émeraude au doigt d’une jeune Mauresque.
--------------------------------------------------------------------------