Fadwa Touqân

(Naplouse, 1917 – 2003)

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Avec les prairies (extrait)

Voici votre fille, ô prairies. Avez-vous
reconnu le bruit de ses pas ?
Elle est revenue vers vous avec le printemps
à la saveur douce, vers vous,
la maison de sa jeunesse.
Elle est revenue vers vous !
Pas de compagnon pour elle
sur les chemins, sinon celui
dont elle porte l’image,
hier comme demain abreuvée de désirs,
sa passion ayant mûri.

Me voici, ô prairies. Je suis venue :
ouvrez-moi un cœur accueillant ;
embrassez-moi !
Je suis venue appuyer ici ma tête
contre la poitrine compatissante,
prête à me désaltérer sans fin
de cette eau pure du silence
bue à la source de paix.
Là, dans votre giron, je me reposerai,
et soustraite aux regards,
je me noierai dans l’onde 
de votre immense tendresse !

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Athologie de la poésie arabe, traduite par René R. Khawam, Phébus, 1995
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