Maurice Boukay

(Dampierre-sur-Salon 1866 – Paris 1931)

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Berceuse d’amour (extrait)

Parmi les grands lys, au clair de la lune, 
Fermez vos beaux yeux ; sommeillez ma brune,
Au clair de la lune !
Les nymphes s’en vont, dans les sentiers blancs,
Moissonner pour vous les rêves tremblants,
Dans les sentiers blancs. 

A l’heure où l’aurore éveille les roses, 
Un baiser viendra sur vos lèvres closes 
Éveiller les roses… 
Et vous sourirez, doutant jusqu’au jour 
Si c’est un baiser de rêve ou d’amour… 
Dormez jusqu’au jour ! 
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Envoûtement (extrait)

Quand je n’aurai plus d’amour,
Sur la grand’route poudreuse,
Je m’en irai chaque jour, 
En songeant à l’oublieuse. 
J’irai cueillir aux talus 
La fleur d’azur sous l’yeuse, 
J’irai cueillir aux talus 
La fleur que tu n’aimes plus.

Aux fleurs du myosotis
Je conterai mes souffrances,
Aux fleurs écloses jadis
Du bleu de nos espérances.
J’irai, le long du chemin,
Effeuillant mes souvenances,
J’irai le long du chemin,
Où tu passeras demain. 
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Nouvelles chansons, Flammarion, 1895
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