Salomon Gabirol

Salomon Ibn Gabirol (Malaga 1020 – Valence 1057)

Traduit de l’hébreu par Masha Itzhaki et Michel Garel (Somogy Éditions d’art, 2000)

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Amnon, c’est là mon nom, et je suis si malade !
Allez mander Tamar : celui qui la désire
Est tombé prisonnier des rets de l’embuscade…
Camarades, amis, veuillez me la conduire !
Je n’ai qu’une requête, une seule à vous faire :
Ceignez son front d’un diadème, préparez
Sa parure, donnez-lui du vin et un verre.
Elle s’approchera pour me désaltérer,
Peut-être éteindra-t-elle en mon cœur le brasier
Qui consume ma chair hérissée en entier !
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Une colombe ornée de parures de charme
Sur un myrte élevé lamentait, chagrinée.
Comme je demandais : « Pourquoi, pour qui ces larmes ? »
Elle me répondit : « Ramiers et martinets. »
Je pleure moi aussi mes amis éloignés
Qui sont partis portant le poids de mon amour :
Ils m’ont abandonné, lors mes yeux de saigner
Sur mes paumes tendues vers chacun, tout à tour,
Et je vois s’écouler le long de leurs pommettes
La rosée d’une fleur perlée de gouttelettes.
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